Prenons exemple du Serpent Vert de Goethe, rien n’est plus symbolique que ce conte. Il s’agit d’un conte magnifique révélé sous l’influence du “somnambulisme” entre rêves et symboles, comme la plupart des œuvres de Goethe. Ses phrases étaient conçues à partir des images qui se présentaient devant son esprit, pleines de symboles dont il n’avait peut-être pas conscience. La divination des sens cachés des œuvres d’art ne rentre pas, en effet, dans les attributions normales de l’artiste. Il faut que celui-ci soit doublé d’un philosophe pour en cerner la portée des symboles et le génie créateur l’emportait sur l’intuition spéculative nous laissant des énigmes splendides dont le mot ne nous a pas été livré. Le symbole ouvre toujours une porte vers l’infini et la pensée n’arrive pas toujours à en saisir la portée. La symbolique de Goethe nous est livrée dans le personnage lui-même du Serpent Vert. À l’artiste qui cherche le beau, le vrai peut survenir par surcroît. Nous pouvons y trouver la vérité profonde et inexprimée. C’est ce que fait le maçon par le biais de toute œuvre. Goethe exprime ainsi par ses œuvres son cheminement maçonnique.
Jamais le présent ne réalise l’idéal. Contraints de reconnaître les imperfections de la réalité pratique, les hommes placent toujours le passé ou l’avenir en âge d’or, alors que le présent s’apprécie, et donc sur l’une des rives des fleuves de ce conte.
En renonçant, le serpent se sacrifiant, et donc renonçant au mystère, aux foules “initiables”, l’initiation opère le miracle de la réconciliation humaine. Le ternaire, la force, sagesse et beauté se retrouvent. Vérité éprouvée, philosophie durable à l’épreuve des siècles.
En conclusion, le serpent vert de Goethe est un conte de fées captivant qui nous invite à réfléchir sur le sens de la vie et sur la véritable nature du bonheur. C’est une œuvre intemporelle qui continue d’inspirer les lecteurs du monde entier.
La Franc-maçonnerie encourage également ses membres à s’engager dans des activités culturelles et artistiques, favorisant ainsi le développement personnel et intellectuel.
Parler des peintres francs-maçons ne signifie pas l’existence d’une peinture maçonnique et supposerait qu’une peinture maçonnique existe. En revanche, de nombreux symboles, allégories et signes sont utilisés par des styles différents et sur tous les continents et époques. Cette peinture symbolique se distingue par l’interprétation et le décryptage de celle qui était utilisée et commandée par l’Eglise. La toile a été utilisée par les loges maçonniques afin de transmettre l’héritage et leurs philosophies à destination des initiés autant que profane. Ainsi, ces peintures nous invitent à voyager dans le temps et les mythes, mêlant exotérisme et ésotérisme.
Ces artistes maçons furent des peintres de leur époque, académiques ou non, plus ou moins liés aux pouvoirs en place, politiques, économiques et esthétiques. Ces peintres firent le portrait des grands de ce monde, des batailles célèbres et porteur de la morale dominante, du bienséant, convenable et de l’honorabilité. Il faudra attendre quelques temps pour les peintres franc-maçons rompent avec cette démarche pour s’émanciper artistiquement, comme il fallut du temps pour que la franc-maçonnerie s’ouvre pleinement à d’autres pans de la société : femmes, handicapés, personnes de couleurs, personnes du peuple, faisant de celle-ci une Franc-Maçonnerie réellement universelle, culturelle et plurielle.
Il importe de constater l’impossibilité de dresser un portrait type de l’artiste franc-maçon, tant les convictions politiques, les tensions intérieures, les rêves et les espoirs de chacun sont différents et dépendent des époques.
Les peintres maçons, témoins de leur temps, en sont aussi les acteurs. Citons-en quelques-uns, proches du pouvoir, comme le philanthrope Maurice Quentin de La Tour (1704-1788), le moraliste Jean-Baptiste Greuze (1725-1805), le graveur des amours bucoliques François Boucher (1703-1770) ou Hubert Robert (1733-1808), spécialisé en peinture de ruines et garde du musée du Louvre.
En effet, le peintre Hubert Robert (1733-1808), proche de Voltaire, artiste à la mode, développe très tôt un marché pour ses œuvres peintes et dessinées illustrant des paysages intégrant des architectures en ruines, qui se conjugue parfaitement avec la pratique du dessin en amateur. En effet, le paysage demeure un genre privilégié par les aristocrates, car son approche nécessite moins de métier que les sujets d’histoire. Il fut également conservateur du Louvre, dessinateur, graveur et paysagiste. Il fréquentait les milieux intellectuels. Sa peinture et notamment celles des ruines, en clair-obscur, nous rappelle, le cabinet de réflexion, le pavé mosaïque, la résurrection de l’être.
La peinture a bien évidemment joué un rôle capital, autant que les textes normatifs, pour véhiculer des idées et des valeurs propres à cette société. Pour asseoir sa légitimité, cette nouvelle forme de sociabilité est partie à la recherche d’une filiation honorable et de racines fortes. Progressivement et le plus naturellement du monde, elle s’est construite un passé glorieux, chargé de valeurs morales, d’histoires plus ou moins légendaires.
Wassily Kandinsky (1866-1944) et Piet Mondrian (1872-1944), deux figures majeures de l’art abstrait, ont mis en exergue la relation entre la Théosophie et les arts par leur travail . À partir de 1910, certains peintres renoncent à la représentation du monde visible. “L’art ne reproduit pas le visible, il le rend visible”, Paul Klee. Les quelques extraits de l’ouvrage de Kandinsky “Du spirituel dans l’art” :
« La couleur est un moyen d’exercer une influence directe sur l’âme. La couleur est le clavier, l’œil est le marteau, tandis que l’âme est un piano à plusieurs cordes. L’Artiste est la main à travers laquelle le médium des touches correspondantes fait vibrer l’âme humaine. Il est donc évident que l’Harmonie des couleurs ne peut reposer que sur le principe du toucher correspondant à l’âme humaine ».
Kandinsky compare la vie spirituelle de l’humanité à un triangle semblable à une pyramide que l’artiste doit élever par l’exercice de son talent. La pointe du triangle est constituée seulement de quelques individus qui apportent aux hommes le « Pain Sublime ». On voit ici l’influence de la Théosophie sur la conception de son art.
L’œuvre d’Art naît de la nécessité intérieure de l’artiste de façon mystérieuse, énigmatique et mystique, puis elle acquiert une vie autonome, elle devient un sujet indépendant animé d’un souffle spirituel.
Retrouvez les précédents épisodes en cliquant sur les liens :
1er épisode (Série : la franc-maçonnerie culturelle, plurielle et universelle (1/7) – GLMF)
2e épisode (Série : la franc-maçonnerie culturelle, plurielle et universelle (2/7) – GLMF)
3e épisode (Série : la franc-maçonnerie culturelle, plurielle et universelle (3/7) – GLMF)
4e épisode (Série : la franc-maçonnerie culturelle, plurielle et universelle (4/7) – GLMF)
Par Angélique Lux-Galiffi