La musique vient du silence. Le silence n’est-il pas une condition indispensable pour une écoute de qualité afin de pénétrer dans notre for intérieur, faire le vide, se débarrasser de nos préoccupations et se rendre disponible pour être dans de bonnes dispositions d’esprit ? Lors de nos tenues, la musique est présente mais s’il y a un point à ne pas négliger c’est, à mon sens, celui de laisser à la musique la place qui lui revient… mais pas plus. Si la musique se superpose à des paroles importantes du rituel, elle les couvre et en empêche la perception au lieu de les illustrer et de les renforcer. C’est le rapport entre musique et silence qu’il est essentiel de bien partager. De plus, venant de l’infini, la musique est une énergie qui va s’infiltrer au fond de l’homme au moyen de sons. À nous de nous mettre au diapason des différentes ondes.
Je dirais que les trois éléments fondamentaux de la musique sont la mélodie, le rythme et l’harmonie. Ils s’influencent s’entremêlent pour former ensemble une synthèse équilibrée, harmonieuse ; ils sont tous les trois tributaires de la vie physiologique, affective et mentale de l’être humain. Platon affirmait : « La musique est un moyen plus puissant que tout autre parce que le rythme et l’harmonie ont leur siège dans l’âme. Elle enrichit cette dernière, lui confère la grâce et l’illumine ». J’ajouterai qu’au Rite Ecossais Rectifié dans notre Loge Arche du Temple, nous travaillons sans musique ; le rituel est fort et nos âmes suffisent, nos pensées se font musique. Par contre au Rite Ecossais Ancien Accepté, comme dans notre Loge Épi d’Or, la musique intervient.
Il faut faire des choix susceptibles de prolonger notre réflexion symbolique et je pense qu’il n’y a aucune restriction de répertoire tant que le choix se fait à-propos et avec cohérence pour que la musique vienne enrichir le thème de la tenue maçonnique. J’ai pour habitude et principalement lorsqu’il y a une cérémonie importante, de demander l’avis des personnes concernées. Ça ne repose pas que sur moi, ça doit être un partage. On ne peut pas préparer un moment d’égrégore tout seul. Il faut coller au thème et à la sensibilité de chacun. Les moments de l’année sont aussi différents pour emmener la loge harmonieusement vers une quête spirituelle de chacun d’entre nous.
Propos recueillis par Nicole Guignard.