Récemment France Info a consacré une chronique à La Championne de la Terre, titre honorifique décerné par l’ONU dans son Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE). Sur le site des Nations Unies, on peut lire qu’il s’agit de récompenser « une action déterminante visant à prévenir, arrêter et inverser la dégradation des écosystèmes. »
La championne de la Terre 2022 des Nations Unies s’appelle Purnima Devi Barman, elle est indienne, docteure en biologie, elle porte en elle une passion pour les oiseaux que lui a transmise par sa grand-mère et elle se bat pour sauver le Marabout Argala, une cigogne. En Inde, cet oiseau est chassé car il est considéré comme un oiseau de malheur, un oiseau sale et ce à tel point que 99% de l’espèce a été éradiqué en cent ans. Le combat de Purnima Devi Barman, c’est le combat contre cette idée reçue.
Comment Purnima Devi Barman combat-elle ? Elle fait le tour des villages de sa région, elle parle, principalement à des femmes, elle explique, elle raconte la vraie histoire de cet oiseau et à force de discussions, elle essaie de convaincre personne après personne qu’il faut protéger le Marabout Argala. Les gens alors s’engagent pour sauver l’oiseau, aujourd’hui plus de 10 000 personnes constituent le groupe des défenseurs du Marabout et en dix ans le nombre de nids a presque décuplé. Mais pas seulement car pour que l’oiseau puisse vivre, 45 000 arbustes ont été plantés et 60 000 supplémentaire seront plantés l’année prochaine.
Comment Purnima Devi Barman combat-elle ?
Elle transmet. Elle véhicule du savoir.
Regardons le combat contre cette idée reçue, mettons-le en perspective, il s’agit du combat contre la non-connaissance de son propre environnement. Pourquoi cet échassier est-il considéré comme sale et vecteur de maladies ? Parce qu’il vit dans les décharges. Pourquoi vit-il dans les décharges ? Parce que son habitat naturel, les zones humides, les marais, a disparu, remplacé par des cultures, des constructions ou des lignes électriques.
À mesure que l’urbanisation accélère, il est privé de son cadre de vie, le Marabout s’en va, il est poussé par l’homme à se réfugier d’où l’on ne va plus le chasser, les décharges. Depuis le marabout vit dans les poubelles et de là vient le malheur qu’on lui attribue.
Pour les Francs-Maçons comme pour ceux qui ne le sont pas, le travail de Purnima Devi Barman est inspirant. A plus d’un titre.
Rappelons-nous de la tradition française venant de l’Est, qui fait de la cigogne l’oiseau qui apporte les nouveau-nés, l’oiseau de la fertilité.
Nous savons que tout cela n’est qu’une légende puisque les petites-filles naissent dans les roses et les petits-garçons dans les choux. Mais tout de même, avec quels yeux nous regardons les cigognes quand elles volent au-dessus de nous. Comment ce même oiseau peut-il être détesté et craint dans d’autres régions du monde ?
Sur le site des Nations Unies, Purnima Devi Barman déclare que « La restauration écologique est cruciale pour sauver notre biodiversité et pour nous sauver nous-mêmes. Chaque personne, chaque espèce, nous sommes tous liés par un seul et même fil. »
Les conflits entre l’activité humaine et la vie sauvage sont la vraie menace. Rappelons-nous de ce que le mot « sauvage » vient du latin « sylva » qui signifie « forêt » ? Le sauvage n’est pas le malotru, l’infréquentable, le solitaire, le sale, le mal-éduqué… le sauvage est celui qui vit dans la forêt.
Et celui qui vit dans la forêt, il ne vit pas comme nous qui n’y vivons pas.
Les oiseaux comme les hommes ne sont pas monolithiques, ils ne peuvent être regardés comme un bloc homogène. Et c’est par l’écoute et la discussion, en essayant de comprendre l’autre que l’on s’aperçoit de tout ce qui explique que nous soyons différents et tout ce qui fait que nous sommes semblables.
Alors oui, la Franc-Maçonnerie doit être un outil de plus qui porte le message d’alerte envoyé par les acteurs qui s’intéressent à l’environnement.
Parce que nos valeurs nous le demandent.
Je vous souhaite un bon dimanche et vous retrouverai bientôt pour un nouvel épisode.