Robert Badinter est mort.
Personne en France n’a symbolisé autant que lui les Valeurs de la République. Il a profondément et durablement marqué la société française.
Comme le soulignait Pierre Yana, notre Frère, dans une récente chronique :
« Certes, il a représenté ce qui dans cette génération (celle de 1981 avec Delors, Mitterrand, Mauroy) incarnait la droiture, la probité. On aura tout dit de lui : juif, fils d’immigrés, il défendait le droit, la loi. Tous les droits : il a fait dépénaliser l’homosexualité, réorganiser la justice, bien plus, fait abolir la peine de mort. »
…
« Nous le regardons comme un être d’exception, c’est l’inverse : c’est bien lui qui nous regardait pour ce que nous sommes, des humains – Badinter nous a fait grandir en Humanité. Il a fait de nous des humains. »
Par ses colères, ses indignations, ses amitiés fidèles, ses convictions et sa capacité de convaincre, son audace, son opiniâtreté, il est allé à contre-courant des préjugés de son époque, il a préféré la vie à la mort.
Nous travaillons au progrès de l’humanité et nous avons la conviction qu’un être humain peut changer, évoluer et que nous pouvons l’aider sur ce chemin qui est tout sauf un long fleuve tranquille.
Nos rituels déroulent un chemin graduel qui est celui du dépouillement. Chaque étape franchie nous apporte une vision nouvelle de ce dont nous devons nous débarrasser pour devenir Libres. Nous apprenons à nous libérer des charges qui nous tirent vers l’arrière, nous empêchent de devenir totalement nous-mêmes. Le Franc-Maçon apprend à voyager léger dans la vie, les métaux qu’il laisse à la porte du Temple pèsent de plus en plus lourd.
Il arrive qu’une vision profane pousse à penser que chaque marche franchie apporte son surplus de connaissances et augmente le prestige de celle ou celui qui en bénéficie. Erreur fatale car chaque marche franchie est une nouvelle occasion de mesurer l’étendue sans fin de notre ignorance.
Certaines, certains arrivent à faire de leur vie une œuvre, un travail d’architecture de leur propre être, ils peuvent alors transmettre une dimension universelle de l’humanité. C’est dans l’essence même de l’humanité que se révèle l’universalité.
Robert Badinter fait partie de ceux qui ont transmis, au-delà des mots, une manière d’être, une manière de vivre.
Merci Monsieur Badinter de tout ce que vous nous avez apporté !
Christiane Vienne
SGM de la GLMF