Il apporte dans son sillage les œufs en chocolat, les fêtes religieuses, le grand nettoyage de printemps, les marchés aux fleurs en bref : le renouveau.
Lorsque j’étais enfant, dans ma région, traditionnellement, le vendredi qui précède Pâques s’organisait à Tournai un marché aux fleurs. C’est à ce moment précis que les coquettes passaient de la garde-robe d’hiver à celle du printemps-été. La préoccupation majeure n’était pas tant religieuse que de faire sensation dans les allées colorées du marché.
Au-delà de l’apparence, changer de vêtements, nettoyer la maison de fond en comble, se gaver de chocolat, rompre le jeûne religieux, participer au culte pour ceux qui le souhaitent sont autant de manière de s’associer au changement, à cette envie profonde de passer de l’ombre de l’hiver à la lumière printanière.
La tradition de fêter le printemps remonte bien avant le christianisme.
Depuis l’antiquité, la première pleine Lune après l’équinoxe de printemps ou vernal était célébrée lors de fêtes populaires.
Dans la Grèce antique, la tradition est basée sur une histoire de famille : Déméter, déesse de la terre et des moissons, a eu avec Zeus une fille qu’elle adore, Perséphone. Zeus l’a mariée à Hadès, dieu des enfers, elle doit donc y vivre avec lui. Sa mère est désespérée et créée la désolation sur terre jusqu’à ce qu’un accord soit trouvé avec Hadès. Voici l’accord : Perséphone restera 6 mois par an avec son mari (l’automne et l’hiver) et elle reviendra sur terre apporter la lumière et le renouveau au printemps et en été.
Cela méritait bien quelques réjouissances !
Le mot anglais « Easter » est issu du nom d’une divinité saxonne : Ostera déesse du printemps et de la fertilité. Des fêtes annuelles étaient organisées au printemps en son honneur et l’on y offrait des œufs, symbole de vie et des lièvres (animal emblématique de la déesse Ostera), symboles de fécondité (ils deviendront des lapins mais chacun sait qu’ils sont très féconds).
Offrir des œufs au printemps ne date pas d’hier, les Perses en offraient déjà comme porte bonheur il y a 5 000 ans. Cette tradition se retrouve aussi en Gaule et chez les Romains.
Que l’on fête le retour de Perséphone, la vie et la fécondité, la libération des hébreux de la servitude en Égypte, la résurrection du Christ, ou simplement le renouveau, le printemps a une portée symbolique universelle.
Le processus de renaissance est au cœur de toutes nos pratiques, l’initiation en est une belle illustration.
En Franc-Maçonnerie nous travaillons sur nous-mêmes, sur le monde qui nous entoure, nous cherchons toujours à modifier ce qui nous entoure, à l’améliorer.
Il s’agit d’une démarche très intéressante car elle nous met en mouvement, en mouvement perpétuel.
Nous sommes en recherche et nous savons qu’il n’y a pas de réponse unique mais que, comme dans une mosaïque, de petits morceaux de vérité patiemment rassemblés finissent par offrir une image qui s’en approche.
Depuis la nuit des temps, l’être humain s’est trouvé des repères en apprenant de ce qu’il observait dans le ciel et autour de lui. Il s’en est servi pour inventer ses dieux à qui il a confié la mission de donner du sens à son parcours de vie.
De petits bouts de vérité se retrouvent partout et nous rassemblons au sein de notre Ordre, tant de convictions, de traditions différentes. Religion et athéisme y font bon ménage, notre recherche transcende ce qui divise ailleurs.
Notre démarche même devrait nous protéger de tout dogmatisme, de toute tentation de penser que nos convictions prédominent sur celles des autres et pourtant…le temps du fanatisme semble revenu et il est partout autour de nous comme l’enfer est pavé de bonnes intentions.
Comme l’on résiste à tout sauf à la tentation, continuons à être vigilants et ne nous plaignons pas de l’éparpillement car sans cela nous n’aurions plus rien à rassembler !
Christiane Vienne
SGM de la GLMF