« Quelle vie étrange
Plus de mots bleus, no more
Quelle vie étrange
Plus de mots bleus
Quelle vie étrange
Plus de mots bleus, no more
Quelle vie étrange
Plus de mots bleus
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Plus de mots bleus »
Dominique A, « Vie étrange » (2020)
Alors que le printemps semble un peu trop loin pour qu’on l’espère, ce réveillon du 31 décembre s’offre à nous comme une parenthèse, pour ne pas dire une digression.
Moment singulier au terme d’une année qui congédia l’ordinaire, cette soirée n’est plus tout à fait le temps du souvenir et pas encore vraiment le temps des résolutions.
Présentée par le Time Magazine comme « la pire année de l’histoire » (ce qui – convenons-en, ne signifie pas grand-chose), 2020 a débuté avec des feux de forêts dévastateurs en Australie et s’achève avec un monde culturel à l’arrêt, théâtres et musées fermés.
La tentation est donc grande de rayer l’année 2020, comme pour dire adieu à une longue nuit.
A une époque où, pour une partie de la planète, le soleil semble cesser de descendre, le dernier jour de l’année (même si le moment peut varier selon les calendriers) porte en lui la marque du renouveau. Pline (l’Ancien) a écrit que le chant du coq faisait peur au lion. Au-delà de la confusion entre la cause et l’effet, puisque c’est la venue du jour qui déclenche le départ du lion, cette image du jour nouveau est féconde.
Bien évidemment, ce n’est pas tant le jour qui change que notre regard sur le monde au moment où nous nous réveillons. Ce regard doit être neuf, lucide et dépouillé des peurs alimentées par les prophètes de tous ordres et par ceux qui entendent tirer profit des tragédies.
En 2021, nombreux seront les champs de bataille de l’éternel combat entre le pessimisme et l’optimisme, lequel n’est pas un état ou une pensée d’humeur, mais un acte de volonté, pour refouler la tristesse, la haine et l’injustice.
Pour consoler, réparer et espérer. Mais espérer sans essayer est fautif. Le doute méthodique qui sous-tend la démarche du franc-maçon et de la franc-maçonne n’exclut pas l’audace et la détermination.
A ceux qui prétendent segmenter la société, nous opposons notre idéal républicain et universaliste, en réaffirmant – par exemple – que l’école est universelle, car le savoir est universel : Pierre et Marie Curie sont à tous, comme Victor Hugo et Olympe de Gouges sont à toutes et à tous.
En rappelant que, quelles que soient les circonstances, la justice coûte moins cher que la charité. En se défiant des marchands de sécurité – ou prétendus tels – et en demeurant vigilants sur l’état des libertés et le respect des principes républicains.
Cependant, l’action prend parfois des formes simples, mais non moins précieuses, en mesurant par exemple l’incroyable puissance qu’un visage heureux a sur nous.
Sous l’obscure clarté tombant des étoiles, comme disait Rodrigue, à la lumière des bougies ou même sous l’éclairage cahoteux de néons fatigués, le regard de nos sœurs et frères humains demeure à la fois la plus belle des motivations et le plus étendu des horizons.
Cheminons donc, tout en conservant dans nos pensées celles et ceux « qui se prolongent en nous » et « que nous continuons », selon les belles formules d’Auguste Comte évoquant les morts qui vivent en nous.
La volonté de bâtir l’avenir, voila notre héritage.