Hervé Hoint-Lecoq est un homme à multiple facettes qui sait allier temps profane et temps sacré. YouTubeur, écrivain, chercheur… il n’a de cesse d’explorer l’histoire et les rituels de la Franc-Maçonnerie pour nous transmettre une étincelle de connaissance.

Du lycée à Facebook

Je ne sais pas si c’est un parcours atypique pour un maçon, mais ma mère était couturière. Je viens de la France où l’on met des boites de conserves périmées dans le frigo pour donner l’impression qu’il est moins vide lorsque l’on reçoit des gens.
Un jour, au lycée, j’ai eu mon premier contact avec la Franc-Maçonnerie. Plus exactement, dans un livre d’Histoire. Il y avait un ouroboros, un serpent qui se mord la queue. Celui-ci représentait les 13 premiers Etats américains unis. Une légende disait qu’il s’agissait là d’un symbole maçonnique. Si j’avais su que je ne croiserais jamais le moindre ouroboros dans mes rites maçonniques pratiqués… Ça m’a travaillé un peu, sans trop savoir pourquoi. Quelques années plus tard, je me renseignais sur les obédiences à l’âge de 21 ans.
Or, la piètre qualité des sites internet maçonniques de l’époque ne m’avait pas donné confiance. Même si nous étions aux balbutiements d’internet, je me disais qu’une organisation centenaire qui n’arrive pas à faire un site internet convenable ne devait pas être si sérieuse que cela… Si j’avais su la réalité de la lenteur administrative maçonnique pour déclencher des processus créatifs… J’aurais peut-être gagné 5 ans de maçonnerie… Qui sait…
Pour finir, je suis entré en Franc-Maçonnerie parce que l’on pensait que je l’étais déjà, comme pour mon parrain. En 2008, j’avais eu un accident du travail. Je m’étais fait des hernies et j’étais bloqué chez moi. A l’époque, Facebook se développait en France et j’y ai retrouvé une copine de lycée. En discutant, je lui ai confié que je m’ennuyais. Elle me répondit : « tu n’as qu’à travailler les symboles ». Je lui ai donc demandé si elle m’avait pris pour un Franc-Maçon. Après un long silence, elle me dit que ça pouvait s’arranger…

L’unité

Initié il y a 14 ans, je ne fais pas de distinction entre ma vie profane et ma vie maçonnique. Ce qu’il y a de pratique, c’est que dans mon entourage, personne n’en a quoi que ce soit à faire ! Ma mère ne me pose aucune question sur le sujet et ma femme n’a jamais lu un de mes articles. Elle se moque tellement de ce que je fais en Loge qu’après toutes ces années, elle me demande toujours si je rentre manger après la tenue. Par contre, elle est fan de mon premier roman de science-fiction maçonnique réédité sous le nom « Humanité Artificielle ». Elle est la première à me réclamer la suite.
La Franc-Maçonnerie fait partie de ma vie. Je ne parle pas simplement de la vie en Loge, mais de la démarche spirituelle. A mon mariage, une table était constituée de maçons. A la naissance de mes deux filles, alors que ma femme était en travail, je lisais de la maçonnerie. Pour moi, la démarche maçonnique est une ascèse. Elle nous rend meilleur. Soit on la pratique, soit on la feint.
Tous les jours, j’espère être un meilleur mari pour ma femme, un meilleur père pour mes filles, un soutien sérieux pour mes frères et mes sœurs. Pour moi, la Franc-Maçonnerie est l’endroit où il y a la plus forte concentration de gens profondément bienveillants et gentils au monde. Et en même temps, le lieu où malgré les années, certaines personnes qui n’ont strictement rien à y faire réussissent à dissimuler leur nature. Heureusement, ce travers de toutes les sociétés humaines est minoritaire. Comme les espèces animales et les civilisations, ce n’est qu’au bord du chaos qu’elle évolue et survit. Cependant, je pense que lorsque l’on fait sérieusement de la Franc-Maçonnerie, on développe un grain…

Un parcours

Statistiquement, j’ai encore 30 à 40 années pour continuer mon parcours. Je ne fais qu’évaluer chaque jour, avec toujours plus de précision, l’étendue de la montagne de choses que j’ignore benoitement. Sachez que plus on vous dit que vous verrez plus tard, plus vous devrez chercher vous-même les réponses. Plus on vous dit de vous taire, plus vous devez prendre la parole. Car au final, le temps sépare les étincelles des brasiers. Ne vous arrêtez pas à qui vous êtes ou qui on croit que vous êtes. Focalisez-vous sur qui vous voulez devenir.
J’aimerais beaucoup réunir des frères et des sœurs autour de leurs talents. Pas qu’autour de l’écriture, mais autour de tous les arts libéraux dans lesquels chacun peut se retrouver. Le jour où nous aurons fini de nous enrichir de notre diversité et que nous cesserons de construire des ponts pour nous comprendre entre obédiences et rites, ce jour-là, la Franc-Maçonnerie méritera de s’éteindre.

Une main tendue

Mon plus beau souvenir est avec mon parrain, Dominique S.. A l’époque, j’étais au chômage, j’avais déménagé à 100km de ma Loge et je n’avais pas de permis de conduire. Il est venu me voir en me disant : « tu as du temps ces temps-ci, je vais te faire travailler ». C’est comme ça que j’ai mis le pied à l’étrier de la recherche historique en Franc-Maçonnerie.

C’est aussi comme ça qu’en 2010, j’ai eu la chance de participer à la transcription de 25 ans de correspondances entre Jean-Baptiste Willermoz et Claude-François Achard. Ce qui me passionne autant, c’est de voir l’étendue infinie de toutes les réponses que j’ignore à toutes les questions que je ne me suis, pour la plupart, même pas encore posées. Depuis, il ne s’est pas passé un seul jour de ma vie où je n’ai travaillé, pensé, écrit, lu, ou produit du contenu autour de la franc-maçonnerie.

+ d’infos :

Vous pouvez retrouver ses livres :
• Humanité Artificielle (https://humanite-artificielle.carrd.co/)

• Mes premières questions sur la Franc-Maçonnerie (https://amzn.eu/d/7jRiAD9),
• Style Emulation, Apprenti, Compagnon et Jeune Maître (https://amzn.eu/d/ipkJpA1) dans toutes les librairies et sur internet (FNAC, Cultura et Amazon).

Découvrez sa chaîne YouTube La Franc-Maçonnerie par un initié Hervé H. Lecoq – YouTube

Enfin, lisez le dans Franc-Maçonnerie Magazine : Franc Maçonnerie Magazine | Tout savoir sur la Franc-Maçonnerie (fm-mag.fr)

Propos recueillis par Michel Riedel