J’ai grandi dans un milieu chrétien, engagé à gauche. 5e enfant d’une famille nombreuse, mes parents étaient enseignants. On ne roulait pas sur l’or, mais nous ne manquions de rien, et, surtout, nous avons eu accès à la culture. Plus tard, ce contexte familial a déterminé mon engagement politique et associatif. Petite, j’étais passionnée par la danse. Je rêvais de pouvoir en vivre. Comme ce n’était pas possible, je suis devenue professeur d’éducation physique. En 1983, l’agrégation d’EPS, qui n’existait pas jusqu’alors, a été créée. Quelques années plus tard, je devenais la première femme agrégée de l’académie de Grenoble. J’avais une conception de l’enseignement peu orthodoxe pour l’époque, majoritairement tournée vers les apprentissages sportifs. Mon objectif était d’apprendre aux enfants le respect de la mixité, du vivre ensemble, de la tolérance de l’autre, tout en insufflant l’envie de pratiquer une activité physique tout au long de sa vie. Ma vision des choses n’était pas dans l’air du temps, ce qui a quelque peu entravé une carrière à l’Université. Par la suite, je suis devenue formatrice en sciences humaines à la Direction de la Jeunesse et des Sports.
Un ami et collègue m’a parlé pour la première fois de la Franc-Maçonnerie. Je ne m’étais jamais fait d’idée sur le sujet. Intéressée par la démarche, il m’a orientée vers le Droit Humain (DH). Par la suite, j’ai rejoint la Grande Loge Mixte de France (GLMF) où j’ai participé à la création de plusieurs loges.
Cela fait maintenant 29 ans que j’ai frappé à la porte du Temple. J’ai été Vénérable Maître pendant la période COVID. En province, nous sommes tous éloignés, ce qui complique parfois les choses lorsque nous devons nous mettre en ordre administrativement. J’ai également participé à l’émission radio « Pierres de Touche ».
Pour moi, il y a une continuité entre mon éducation chrétienne, mon engagement politique et la Franc-Maçonnerie : c’est l’humanisme. C’est être tourné vers les autres tout en cherchant le bien commun. J’y trouve par rapport à la virulence du monde politique une paix bienfaitrice. Nous avons les mêmes capacités à débattre, mais toujours avec une bienveillance d’écoute et de partage.
Au début, mon mari n’était pas favorable à ce que je rejoigne la Franc-Maçonnerie. Ma marraine a d’ailleurs mis du temps pour me faire entrer. Cette situation pouvait être un facteur de refus. Dans ma famille, mes sœurs et frères n’ont pas eu de réaction particulière. Quant à mon père, je lui ai annoncé tardivement. C’est seulement lorsque je me suis occupée de sa santé et que notre relation s’est solidement renforcée, que je lui ai confié mon appartenance. Il l’a bien accueillie, simplement.
Depuis le début de mon parcours, j’ai vu une évolution dans ma vie profane. En politique, en règle générale, lors d’un débat, les participants ont tendance à s’interrompre mutuellement lorsqu’ils prennent la parole. Il est également de mise, que celui qui se fait le plus entendre a souvent raison. J’applique dans ma conduite de réunions notre manière de distribuer la parole en Loge. C’est quelque chose qui surprend, qui est apprécié et qui permet à chacun de s’exprimer et trouver sa place.
Si je devais être un symbole, ce serait le Pavé Mosaïque. Je suis une personne du genre fonceuse. L’engagement est le moteur de ma vie. Le pavé mosaïque amène à prendre en compte les contrastes que nous rencontrons dans la vie de tous les jours. Dans tout, il y a un côté blanc et un côté noir.
Je garde de mon « augmentation de salaire » d’Apprenti à Compagnon un souvenir mémorable et profond à la fois. C’était pour moi une succession de découvertes, qui révélaient au fur et à mesure des épreuves, différentes parties de mon âme. J’y retrouvais ce que je suis et ce que j’ai envie d’être.
Rendez-vous sur Radio Delta : https://deltaradio.fr pour découvrir l’émission « Pierres de touche ».
Propos recueillis par Michel Riedel