Habitant au Québec, j’animais il y a quelques années un podcast conspirationniste. Nous lisions régulièrement des articles en lien avec la Franc-Maçonnerie. Il y avait clairement des incohérences dans la rédaction. Je savais que le sujet était cherché des milliers de fois par jour sur Google. Je me suis dit que les rédacteurs l’utilisaient pour attirer l’attention. Avec le temps, j’ai décidé de trouver ma vérité. Un ami a bien voulu m’ouvrir les portes du Temple. J’y ai découvert une démarche d’amélioration qui a changé ma vie. Mon processus de pensée s’est transformé.
Au Canada et plus particulièrement au Québec, nous avons environ 3 000 maçons. Ici, la Franc-Maçonnerie est une convergence entre ses sœurs américaine et française. Beaucoup de personnes ignorent qu’elle existe et en quoi elle consiste. Cette méconnaissance attire les conspirationnistes. Je reçois presque tous les jours des menaces de leurs parts. Ils viennent parfois chez moi avec des pancartes ou frapper à ma porte pour discuter. Il est important d’œuvrer pour les informer. Dans cet optique, j’ai créé la chaine Youtube « Sous le Bandeau ». Nous parlons de symbole, de sujet sociétal et de notre vie de tous les jours. L’ objectif est de faire évoluer les mentalités.
Depuis 15 ans, je vis intensément cette passion. Je remercie ma femme de supporter cet engouement assez envahissant. J’aime lire des livres, faire des podcasts, plancher, aider sur différents plateaux et assister aux tenues. Une fois, j’ai fait plus de 15 visites en un mois. Ce qui m’amuse le plus, c’est d’étudier les différents rites et leurs symboles. J’ai découvert tous les degrés du REAA et du RER en les reprenant du début. Je vais continuer sur ce chemin pour vivre pleinement les différents drames. Cette manière d’être permet d’échanger avec mes Frères et Sœurs. De vivre de multiples expériences. D’accélérer l’intégration de mes connaissances et d’évoluer dans un édifice commun.
Actuellement, je travaille sur le symbole de la règle et l’appréhende de deux façons. La première permet de faire fonctionner avec la rectitude nécessaire une loge et une obédience. Si elle assure la bonne conduite des travaux, elle démontre l’importance de notre constitution qui n’est pas une simple suggestion dans son application. La seconde se réfère aux 24 divisions. Avec un frère, nous nous sommes aperçus que nous pouvions l’appliquer en faisant un tableau, avec des couleurs, selon nos activités. Il s’en dégage le pourcentage de temps passé dans nos vies. C’est l’indicateur de notre temps vécu. Ce résultat permet de se poser la question suivante : « comment améliorer notre temps pour atteindre notre équilibre ? ».
Le CLIPSAS est une organisation internationale qui regroupe des puissances maçonniques voulant œuvrer selon les traditions humanistes. J’en suis le second Vice-Président en charge du développement informatique de la structure. Parfois j’interviens pour apporter notre aide. Par exemple, lors du dernier tremblement de terre en Haïti, j’ai rencontré les habitants et les obédiences locales pour verser des fonds à la Croix-Rouge. Cette démarche montre que l’entraide fait partie de la fraternité.
J’aimerais partager deux souvenirs. Le premier me tient particulièrement à cœur. Il y a peu de temps, j’ai remis mon tablier d’apprenti à l’un de mes filleuls lors son initiation. Je lui ai dit qu’il pouvait le garder à deux conditions. La première est que s’il quittait la Franc-Maçonnerie, il devait me le rendre. La seconde est que si sur son chemin, il trouve une personne aussi motivée que lui, il le transmette. Peu de temps après, j’ai été élu Grand Maitre. La cérémonie de réception se faisait devant toute l’assemblée. Je devais porter mon tablier d’apprenti que je n’avais plus. C’était plutôt gênant. Au même moment, mon filleul est arrivé pour me le prêter. Il y a peu de temps, il m’a confié à quel point il mesurait l’importance symbolique de ce cadeau.
Le second est une anecdote incroyable. Avec ma femme, nous partions nous reposer en République Dominicaine. Je voulais en profiter pour visiter une loge. J’en ai informé un frère qui a transmis le message. J’ai reçu 20 appels. Une personne m’avait laissé un vocal pour m’inviter dans sa maison. J’ai décliné l’invitation car c’était à plusieurs heures de bus de l’aéroport. Deux jours avant de partir de l’hôtel, deux voitures blindées s’étaient garées devant l’accueil. Lorsque je suis descendu, un garde du corps a ouvert une portière. Un frère est venu me faire une accolade. En discutant, il m’a indiqué que c’était lui qui avait voulu me prêter sa maison. Il me montrait en même temps des photos de sa villa. Ma femme a eu quelques regrets car la vue était magnifique. Après son départ, le maitre d’hôtel surpris m’indiqua que j’avais parlé au bras droit du dirigeant du pays. C’était assez impressionnant.
Propos recueillis par Michel Riedel.